L’environnement économique du monde dans lequel nous vivons est souvent imprévisible et fait preuve de soudaines variations, que les raisons soient climatiques ou géopolitiques. Dans ce contexte, beaucoup d’exploitants agricoles cherchent des solutions pour réduire l’exposition à ces risques et maintenir une rentabilité.
Deux leviers sont activables :
- Mieux maitriser ces coûts d’achats : les réduire ou les rendre plus prévisible
- Mieux valoriser ses productions
Dans cet article, nous vous apportons quelques pistes que nous avons exploré pour sécuriser les revenus de son exploitation agricole. Ces actions ne sont pas exhaustives, ni accessibles, adaptées à tous, elles serviront à enrichir votre réflexion et à faire concrétiser vos projets.
Mieux maitriser ses couts d’achats pour sécuriser les revenus de l’exploitation
Créer une économie circulaire sur la ferme ou avec votre environnement
Dans un précédent blog, nous parlions des avantages de La polyculture élevage. Cette approche permet de réduire l’exposition aux fluctuations des cours des céréales concernant l’alimentation du bétail. Elle permet aussi de réduire le cout des intrants sur les cultures par la substitution des engrais organiques généré par le poste élevage aux achats d’engrais organiques et encore mieux chimiques. Ces derniers sont indexés sur le prix du gaz et nécessitent beaucoup d’énergie pour être produits et transportés. La tendance à long terme ne sera que haussière sur ces matières.
L’apport d’intrants n’est pas toujours possible et souvent insuffisant avec les ateliers d’élevage de la ferme. Il convient d’explorer des sources de revenus extérieures et de proximité. Cela peut être des résidus d’ateliers de transformations industriels ou de stations de traitement des déchets urbains. La composition et la concentration de ces intrants organiques doit faire partie des éléments à maitriser afin de s’adapter aux besoins du sol et de préserver l’environnement.
Sécuriser les revenus agricoles et fabriquer son propre aliment
La production de céréales et protéagineux adaptés à ses animaux permet d’être moins dépendant aux prix des marchés. L’autonomie totale est parfois impossible tant l’apport d’aliments spécifiques à certaines productions, notamment les jeunes animaux. Cependant, une augmentation de son autonomie produit toujours des effets positifs à long terme. Cela demandera de programmer un assolement adapté, de s’équiper en matériel de transferts de grain, de ventilation et de stockage.
Enfin, cela nécessite d’investir dans du matériel de fabrication d’aliments à la ferme de type aplatisseur, floconneur et mélangeuse. Nous y reviendrons plus en détail dans un prochain article.
Produire ses propres semences
Cela est assez courant avec des variétés autogames, comme le blé, l’orge, les légumineuses. Une pratique assez courante est de renouveler régulièrement ses semences pour bénéficier des apports de nouvelles variétés Ça l’est moins avec des espèces hybrides comme le maïs, le tournesol et le colza dont le potentiel est largement plus élevé que lorsqu’elles sont produites en lignées. Ressemer une récolte d’hybride est certes possible mais donnera des rendements très aléatoires et dans tous les cas inférieurs à la semence hybride.
Produire ses propres semences est tout à fait légal, le commerce est par contre soumis à régulation. Le cout réduit de production de ses semences par rapport à un achat permet de générer des économies conséquentes.
Au-delà des bonnes pratiques agronomiques, les récoltes de semences doivent être stockées de sorte à garder des lots séparés dans des petits silos ou containers. Cela permet d’isoler des lots avec de variétés différentes et des lots dont la qualité peut varier.
Le stockage des semences doit prévenir la présence d’insectes, la meilleure approche est de maintenir une bonne ventilation et ce dès que les températures dépassent les 20°C, soit jusqu’à l’entrée de l’hiver et dès le début du printemps pour éviter une détérioration des qualités physiques et germinatives.
Le stockage en container avec couvercle est très pratique et sécurise la manipulation. Les accidents avec les big bag sont fréquents et avec des conséquences parfois dramatiques, par ailleurs, ils sont soumis aux attaques des rongeurs.
L’utilisation de conteneurs permet aussi une manipulation plus facile pour l’alimentation des semoirs.
Gérer ses rotations de cultures et intégrer des intercultures
L’intérêt majeur est d’intégrer des cultures qui vont permettre de fixer l’azote de l’air dans le sol, c’est le cas des légumineuses : pois, féverolles, soja, pois chiches, luzernes par exemple. Cette rotation des cultures va permettre de réduire l’apport en azote pour la culture suivante. Cela peut se gérer aussi en double semi (par exemple, soja en inter-rang de blé).
Le semi de couverts végétaux va permettre d’assurer une couverture et une structuration du sol, donc d’éviter les travaux de décompactage et de mieux maintenir l’humidité dans le sol. La destruction in situ de ces couverts permet d’apporter un amendement naturel au sol et d’éviter les apports extérieurs. Une autre option est de récolter ces couverts en fourragères pour compléter l’apport nutritionnel, notamment pour les ruminants.
Ces couverts sont souvent des mélanges de plusieurs espèces.
L’avantage de l’ensemble de ces plantes est qu’elles sont autogames et qu’il est donc possible de produire ses semences comme nous l’avons décrit dans le précédent paragraphe.
Les volailles pour réduire la pression des insectes
Afin de réduire la nécessité d’utilisation d’insecticides, la mise en place de parcours de volailles dans les vignes ou les vergers produit des effets positifs. Il est nécessaire dans ce cadre de s’équiper d’une cabane mobile de sorte à pouvoir déplacer les volailles sur l’ensemble de la parcelle.
Les volailles permettent aussi de gérer l’enherbement et d’éviter la fauche ou l’application d’herbicide. Il faut tout de fois être réactif à de potentielles grippes aviaires.
Produire sa propre énergie pour sécuriser les revenus de l’exploitation agricole
Pour sécuriser les revenus de l’exploitation agricole, une autre solution consiste à produire sa propre énergie. L’implantation de panneaux solaires est une pratique courante. Elle nécessite une bonne réflexion sur le modèle d’affaires à utiliser : projet clé en main avec bail emphytéotique sur le bâtiment, installation autonome sur un bâtiment existant avec revente de la production ou autoconsommation. Les gains générés notamment dans le cadre de pose sur un bâtiment existant ou neuf permet un retour sur investissement intéressant et plus d’autonomie de décision. Nous y reviendrons dans un futur article.
Un autre axe aussi répandu sur des structures plus conséquentes est l’intégration d’une unité de méthanisation, qui permet de générer du gaz pour un autre atelier (par exemple séchage de grains ou de tabac, chauffage de bâtiment d’élevage). Dans certains cas, elle peut permettre aussi de produire de l’électricité par cogénération. L’autre avantage est la production de compost facilement épandable.
Valoriser sa production pour sécuriser les revenus de l’exploitation
Stocker ses productions
Mieux maitriser le moment de la vente a l’avantage d’envisager une vente lorsque la situation des prix est plus favorable.
Le stockage comme écrit précédemment doit faire l’objet d’une attention particulière notamment par rapport au risque d’échauffement et à la pression des insectes et ravageurs.
Transformer ses productions
Intégrer la transformation de tout ou partie de ses productions agricoles permet d’améliorer la valeur ajoutée. La réussite d’un tel projet qui nécessite un apport de main d’œuvre et d’investissements supplémentaires est basée sur une maitrise du marché et du réseau de vente fiable et de la maitrise des couts de revient par rapport au prix acceptable par vos futurs clients. La liste des exemples est large, de la farine, des pâtes, boissons alcoolisées comme la bière ou le whisky ou simplement des jus et bien sur la production de conserves de légumes ou de produits carnés.
Vendre en direct
Se passer des acteurs des filières de ventes, c’est tenter d’intégrer une partie de la marge des acteurs qui sont entre vous, producteurs agricoles, et consommateurs finaux. En terme marketing, on parle de passage de B to B en B to C.
Et donc, il s’agit bien de maitriser le marketing, c’est-à-dire se faire connaitre et d’acheter vos produits. Il faut avant de se lancer, se mettre dans la peau de vos futurs clients potentiels et comprendre ce qui va les intéresser ou les freiner dans l’achat de vos produits. Un écueil rencontré régulièrement est un prix de vente trop élevé ou trop proche des produits équivalents qu’ils pourront trouver en grande surface. Un autre critère à mesurer est la facilité d’accéder à vos produits (distance, conditions de stockage, horaires d’ouvertures,…)
La présence sur les marchés est une bonne solution même s’il est consommatrice de temps. Des lieux de vente proche des grands axes de circulation est avantageuse tout comme la livraison à domicile à condition d’avoir un potentiel de clients suffisant à proximité.
Elargir sa gamme de produits est aussi souvent gage d’attractivité. La vente d’œufs fermiers par exemple en complément de légumes ou de fruits est souvent plébiscité comme un bon produit d’appel et qui permet d’augmenter le panier d’achat moyen.
Si l’élargissement de la gamme n’est pas possible avec ses propres productions, se regrouper à plusieurs producteurs est un axe à étudier.
Bon nombre d’agriculteurs disposant de structures d’exploitations moyennes ou petites souhaitent pouvoir mener une vie plus moderne que celle qu’avaient connue leurs parents ou grands-parents tout en maintenant des revenus décents. Cela demande des compétences plus élargies et nécessitent de repenser les modes de fonctionnement.
La recherche d’amélioration de ses revenues passe par un investissement en matériel.
Toutefois, la valeur de ses investissements est largement amortie par rapport aux gains générés et l’amélioration des conditions de travail et de sécuriser les revenus de son exploitation agricole.
Plusieurs combinaisons de solution sont possibles et elles amènent aussi souvent des synergies additionnelles.
Cabi Group propose une gamme de solutions permettant d’accompagner la mise en place d’une ou plusieurs des solutions envisagées. Si vous souhaitez en savoir plus sur nos solutions et demander l’avis de nos experts, n’hésitez pas à demander un rendez-vous.