L’élevage en polyculture est le fait de cultiver plusieurs espèces de plantes dans une exploitation agricole possédant un ou plusieurs élevages. Le but est de cultiver les champs afin de pouvoir en faire bénéficier les animaux quant au rejet de l’élevage, cela permet en contrepartie une fertilisation des sols de manières naturelles.
La polyculture élevage est résolument un système de production agricole d’avenir. Elle présente de nombreux avantages tant économiques qu’environnementaux. Plusieurs systèmes sont possibles et sont à réfléchir au cas par cas afin d’optimiser la rentabilité de l’exploitation, d’adaptation par rapport aux sols/climats et l’organisation du temps au quotidien et sur l’année.
Qu’est-ce que l’élevage en polyculture ?
L’élevage en polyculture est un système de conduite d’exploitation agricole regroupant des productions de cultures de vente différentes (Céréalières, fourragères …), avec des productions animales (Lait, viandes, œufs …). Le but est d’améliorer la rentabilité des exploitations et en parallèle une meilleure gestion de son environnement par la limitation d’intrants externes et l’adaptation au milieu naturel.
Un peu d’histoire
La domestication des animaux pour l’alimentation humaine (l’élevage) vers l’an -10000 avant JC aurait légèrement dépasser la domestication des plantes (la culture).
Au Moyen Âge, le fumier d’étable devient de plus en plus disponible : la polyculture-élevage et la production végétale voient le jour avec la mise en place de l’assolement triennal. Le développement des surfaces agricoles se développe et les cultures sont optimisées grâce à l’élevage.
Aujourd’hui, ce système est devenu un des piliers de l’agroécologie. Ce terme de plus en plus utilisé aujourd’hui qui définit assez largement un système d’agriculture vertueux qui revient finalement au système originel.
Quels sont les avantages de l’élevage en polyculture ?
L’élevage en polyculture propose de nombreux avantages par rapport à une conduite d’exploitation spécialisée. Ces avantages sont d’ordres économiques et environnementaux.
Économiques
- Réduction des intrants (fertilisants, phytosanitaires, …) par une meilleure rotation de l’assolement (favorable à la gestion du désherbage) et donc économie de charges
- Meilleure résilience aux aléas climatiques, avec la possibilité de cultures à double fin (vente ou bien alimentation du troupeau)
- Réduction de la dépendance aux importations d’aliments pour les troupeaux (grâce à une autonomie protéique par la production d’aliments à la ferme) et en conséquence une meilleure autonomie alimentaire des élevages
- Synergie entre les productions car « les sous-produits d’un atelier servent de ressource à un autre » : économie de transport
- Meilleure résilience à long terme aux aléas des prix de marché des intrants et des aliments : on ne met pas tous ses œufs dans le même panier!
Environnementaux
- Préservation de la biodiversité des espèces faunales et florales grâce à la mixité des cultures et la maitrise parcellaire généralement entourée de haies
- Amélioration de la vie du sol par l’apport des engrais naturels (apport de matière organique et intercultures)
- Réduction des pertes d’azote, de phosphore et de carbone (grâce à la réduction des transports, la présence de prairies, la répartition des déchets, au cycle des nutriments)
- Diversification des paysages
- Résilience des systèmes aux aléas climatiques (rotation des cultures)
Limitation des phénomènes d’érosion (couverture des sols)
Quelques cas d’usage ?
Le plus fréquent : Polyculture élevage bovin, ovin, caprin
C’est le plus courant historiquement. Le système permet le couplage de la culture du maïs et d’autres fourragères pour l’alimentation de bovins, lait ou bovin viande. Il se couple aussi avec la production de protéagineux comme le soja ou les féveroles qui ont l’avantage d’apporter des protéines aux animaux et d’apport d’azote dans les sols en rotation.
Les rejets d’élevage permettent la fertilisation des sols de manière naturelle.
Il s’oriente aussi vers la production de céréales (orges, triticales) pour l’alimentation des ovins et des caprins.
On peut aussi inclure dans ce système l’intégration de l’élevage en prairie qui vient compléter les cultures céréalières et fourragères pour réduire les couts de production d’aliment et s’adapter à la nature des sols.
Le plus complet : Polyculture élevage/bovin/volailles
Des agriculteurs complètent le système précédent par un système plus complet en intégrant culture et bovin et volailles en co-pâturage.
Les poules sont introduites dans la parcelle avec le troupeau de vaches à quelques jours d’intervalles. Elles vont aller chercher les insectes et vers dans les déjections des animaux passés précédemment et se nourrir aussi dans le sol et du pâturage. La pression en parasites des bovins est ainsi diminuée et les poulets bénéficient d’un complément alimentaire naturel. Les poules sont déplacées sur la parcelle ou d’une parcelle à une autre via un poulailler mobile. Elle reste nécessaire d’adapter le système de clôture, la taille des volailles n’étant bien sûr pas adaptée aux clôtures des bovins.
En devenir : Polyculture arboriculture/volailles et viticulture/volailles
C’est un système qui se développe rapidement et qui présente plusieurs avantages :
Un cas d’usage dans le cadre d’intégration de volailles dans les vignes fournit les avantages suivants :
- Pour les volailles :Les poules et les coqs gambadent dans les vignes, ce qui permet de couvrir une grande partie de l’alimentation des volailles sur une période de 5 à 6 mois. Les poules peuvent rester dans la vigne toute l’année. Leur alimentation est riche et variée : vers de terre, insectes divers, mollusques (escargots, limaces), herbe spontanée mais aussi semée de manière ciblée pour servir de couvert à la vigne en inter rang et d’aliment pour les volailles (triticale, pois fourrager). Nous reparlerons dans un futur article des cultures à privilégier sur un parcours volaille. La taille des poules permet d’éviter des dommages sur les grapes contrairement aux ovins aussi introduits dans les vignes mais seulement une partie de l’année (après la récolte et jusqu’au débourrement, soit d’octobre à mars).
Il faut également gérer la protection des poulets vis-à-vis des prédateurs extérieurs par la pose de cloture et déplacer les poules logés dans des poulaillers mobiles en tête de rang.
- Pour la vigne :La pression en maladies et ravageurs est bien moins forte, ce qui permet de réduire les traitements. La fertilisation naturelle par les animaux apporte un amendement naturel à la vigne.
- Pour l’exploitation:La vente des œufs et de la viande permet un complément de nos revenus et contribue à l’image positive du domaine auprès de sa clientèle.
Un autre exemple est l’élevage d’oies dans une plantation de noyers dont l’économie vertueuse est représentée sur le schéma:
L’étude récente de chercheurs de l’INRA montre que l’élevage des oies pour la production de foie gras sur des parcours implantés de noyers dans le Périgord permet des bénéfices réciproques puisque l’ombre apportée par les noyers est très appréciée des animaux, et que les déjections des oies fertilisent les arbres ce qui augmente leur croissance et leur production de fruits sans altérer leur qualité sanitaire.
Cette association rend les services :
- d’approvisionnement par la fourniture en quantité relative modérée de foie gras, de viande d’oie, de bois de noyers, de noix et de coproduits (duvets et graisse d’oie, coques et brou de noix)
- de préservation de la qualité environnementale en valorisants des coproduits dans l’alimentation des animaux (77 t/an), en préservant la fertilité du sol et en améliorant le bien-être animal.
- patrimoniaux et de qualité de vie par le biais de produits labellisés et à haute valeur ajoutée (AOC Noix du Périgord, marque Oie du Périgord) et le maintien du patrimoine culturel et gastronomique
- de vitalité territoriale par la création d’emplois et la contribution à l’agrotourisme.
Ce travail a permis de montrer que les bénéfices de l’association oies/noyers sont beaucoup plus larges que les intérêts techniques et économiques qui les ont justifiés.
Une autre voie à explorer : Polyculture avec maraichage/volailles
Plusieurs agriculteurs travaillent depuis quelques mois à la conception et au démarrage d’atelier de maraîchage et d’un élevage de poules pondeuses et de poulets de chair. Les légumes seront cultivés sur des planches permanentes. Les légumes peuvent être cultivés sous serres photovoltaïques. Le parcours volailles en est amélioré par l’ombrage et la protection aux vents que la serre procure. Les poulaillers sont mobiles afin d’éviter le surpâturage et de favoriser les interactions avec le maraichage par rotation
La mise en œuvre de l’élevage en polyculture nécessite certains investissements, notamment la nécessité de bâtiments d’élevage parfois mobiles, de matériel de fabrication d’aliment à la ferme, de silos de stockage intérieur ou extérieur de grains. Le retour sur investissement est souvent très court.
La polyculture élevage a fait face à quelques vents contraires liés à la réduction de la rentabilité des élevages laitiers spécifiquement. Cependant, ses vertus historiques en font aujourd’hui un système d’avenir qui revient en force tant au niveau de l’intérêt porté par les exploitants agricoles que les pouvoirs publics qui supportent son développement.